Le 14 Juillet 2000 Fédérale tentait l'exploit d'enlever son huitième titre de corne d'or. Hélas les intempéries empêcheront cette vache d'exception de réussir cet exploit.
C'est le hasard qui a conduit la petite Fédérale à Aire sur l'Adour, au domaine de Latrille, chez Cathy Agruna. Pour la ganadère, directrice de l'Armagnacaise, elle est incontestablement la reine de son troupeau, une vache noble, la plus titrée (7 fois corne d'or, 8 fois détentrice du trophée Challengita), celle qui, sans se battre, est respectée des autres vaches... celle qui, dans l'arène, titre les champions. Une reine.
Comme la plupart de ses "soeurs landaises", Fédérale est née en Espagne, à Salamanque, dans la réputée ganaderia Sepulveda. C'est là que la Fédération Française de la Course Landaise l'a trouvée. En 1989, à l'occasion du premier festival Art et Courage de Pomarez, Gérard Darrigade (alors président de la FFCL), qui avait initié cette manifestation, s'était rendu en Espagne, avec d'autres membres de la fédération, pour y choisir du bétail de respect. Après le festival, les vaches achetées par la FFCL étaient offertes aux ganaderos par tirage au sort. Et c'est ainsi que cette vache de 3 ans est arrivée à L'Armagnacaise, prenant pour nom de baptême celui de sa marraine.
Fédérale est la seule vache de ce lot d'Espagnoles à avoir par la suite donné satisfaction en course formelle et donc, à être restée dans l'arène. Pourtant ses débuts ont été laborieux, plutôt brouillonne dans ses galops en piste, et mettant beaucoup de temps à s'acclimater à la corde. Même en «vache nouvelle sans corde» elle n'était pas géniale. On lui a laissé du temps, heureusement, et c'est vers 5-6 ans qu'elle s'est affirmée comme une vache d'exception. Puissante, noble. jetant la patte au passage, elle a fait trembler les nombreux écarteurs qui se sont présentés devant elle : Philippe Descazaux, Janick Truchat, Jean-Pierre Rachou, Thierry Bergamo, Didier Latapy, Roger Moreno, Eric Labeyrie, Fabrice Laurède...
Lorsqu'elle châtie un écarteur qui n'a pas eu l'exacte vista, car elle ne pardonne aucune erreur, elle a cette suprême noblesse d'arrêter sa course et de regarder l'homme à terre, sans s'acharner sur lui. Malgré les blessures qu'elle a infligées dans ses déboulés, Fédérale suscite le respect unanime des écarteurs. D'ailleurs, c'est elle qui sacre, en les départageant, le champion de tous les grands concours. Au bout de la ficelle, le cordier d'argent Jeannot Dussarat (11 titres dont 7 avec Fédérale) la connait par coeur, et participe aux succès de sa protégée, comme aux exploits des écarteurs.