Reportage et article du 18 Janvier 2009 dans "Course Landaise Magazine"
En quittant Brocas les Forges, en direction de Labrit, une allée qui serpente à travers les pins nous conduit à la Ganaderia de Malabat. Un cadre exceptionnel pour un élevage avec ses enclos, ses pignadas, et un calme vraiment reposant. Céline et Pascal Fasolo sont installés ici depuis 1992 en association avec Mr Saubesty (décédé en 2005). Une propriété de 35 hectares à l'origine, auxquels sont venus s'ajouter en 2003 une vingtaine d'hectares supplémentaires pour que le cheptel soit mieux disposé et que les conditions d'élevage soient facilitées. Pour la petite histoire, Céline nous précise que « cela fait 2km700 de clôture et 1 piquet tous les 1m50 à 2m. » C'est dire tout le travail que cela a demandé.
En 1993 les arènes ont été installées, de belles arènes en dur qui sont utilisées pour des tientas ou des capeas, passage obligé pour essayer le bétail et vérifier les aptitudes et le comportement.
« Ici, nous précise Pascal Fasolo, nous avons travaillé jusqu'en 1998 avec du bétail acheté dans le Sud-Est -François André, Hubert Yonnet et Gallon-. Et puis nous avons décidé de rentrer dans le livre généalogique et nous avons acheté du bétail à Olivier Martin. Aujourd'hui nous n'avons que des origines Atanasio Fernandez. Nous possédons 80 têtes, 48 mères et 2 reproducteurs sélectionnés sur les origines : Cardinero (14 ans) et Macarito (8 ans). Depuis trois ou quatre ans on sort des novillos, il va y en avoir cette année 2 pour Mugron, certainement 3 pour Garlin et Aire sur Adour. »
Si le but est d'élever des novillos, que deviennent les femelles ? « A partir de 9 mois elles sont utilisées pour des capeas. Sinon elles sont vendues, et notamment pour la course landaise à la ganaderia Dussau. Elles ont de belles origines et devraient devenir de bonnes coursières. »
A voir toutes ces installations, on est certain du travail que tout cela a demandé. Et si j'évoquais auparavant les clôtures et les arènes, il a fallu aménager aussi les parcs de tri, les corrales avec couloirs et portes coulissantes, les couloirs de contention, un quai d'embarquement... « tout cela bien sûr est calculé pour que tout se fasse en sécurité. »
Ancien écarteur dans les années 83-87 chez Labat, Clabères et Linès, Pascal Fasolo a arrêté sa carrière suite à un accident. Mais la passion du bétail l'a conduit où il est aujourd'hui. Et d'ailleurs sa passion se voit très vite à l'entendre parler, à écouter ses explications, à le suivre dans les enclos à bord du tracteur lorsqu'il va soigner. Il appelle, lance quelques noms et le bétail jusqu'alors tapi dans les pins arrive près des mangeoires. Cardinero s'approche, impressionnant... il nous regarde, mais semble s'intéresser davantage aux mangeoires qu'à nous. C'est un gourmand ! Il passera par toutes les mangeoires, sans scrupules.
De l'autre côté du chemin se trouve le deuxième semental et l'autre partie du troupeau. Il faut approcher à pas lents car ils ne sont pas habitués à voir du monde. Pascal nous décrit ses bêtes avec force détails et nous parle aussi des difficiles contraintes santaires, les mêmes qu'en course landaise. Tout cela est difficile à gérer et côute cher. Et puis ajoute Pascal : « Nous n'avons pas de prairies et il faut tout acheter, le foin, l'ensilage... »
Pour rentabiliser l'affaire, Céline et Pascal se sont tournés vers la réception de groupes. Ils disposent pour cela de la ferme de Malabat qu'ils ont aménagée à cet effet. Cette ferme, marquée sur les registres napoléoniens, est vraiment conviviale avec ses grandes cheminées (il y avait un magnifique feu de cheminée quand nous sommes entrés), son bar, ses salles de réception décorées d'affiches de course landaise et de corrida, de trophées, de boléros, d'objets divers... le musée de Malabat en quelque sorte. 170 personnes peuvent être reçues avec au programme visite commentée, capea, apéritif, repas... Il y a aussi les journées-ferrades, le réveillon... et puis pas mal de groupes scolaires... il faut dire que le site enchanteur et les activités proposées s'y prêtent.
Pour s'occuper de tout ça, Pascal et Céline voient aujourd'hui avec plaisir le renfort d'Alexia, l'une de leurs filles. « Elle s'occupe beaucoup, précise Céline. Et puis nos enfants se plaisent beaucoup ici..»
Le travail ne fait pas peur à Pascal et à Céline. Et c'est dans la piste des arènes de Mugron, de Garlin, d'Aire et d'ailleurs qu'ils vont récolter les fruits de leur labeur. C'est ce que nous leur souhaitons.
Et puis, à tous ceux qui nous lisent et qui ont envie de faire un pèlerinage en terre d'aficion, nous ne pouvons que conseiller d'aller passer une journée à Malabat. Vous y serez bien accueillis, et comme nous sûrement vous y trouverez tous les ingrédients pour satisfaire votre plaisir d'aficionado.