Maria Terrak
La Course Landaise recèle une palette d'artistes aux petits soins pour les passionnés que nous sommes. Suivez-moi, je vous emmène à la rencontre de ces artistes coursayres, au travers d'un dédale d'arènes connues et inconnues, une foule d'acteurs réels ou rêvés. Fermez les yeux, vous êtes au cœur de l'arène.
Itinéraire artistique 2 Jean Marie Crampes
Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de pouvoir plonger dans le regard artistique d'une personne comme Jean Marie Crampes. J'aime les nuances qu'il apporte à la Course Landaise par ses clichés photographiques, son regard posé sur l'instant et cette richesse d'âme dans laquelle il pose son interlocuteur. Nul besoin de vous décrire mon plaisir de collaborer avec lui à cet itinéraire coursayre.
Avec naturel et en toute générosité, il a accepté de prendre du temps pour me permettre de le suivre dans son périple photographique lors de la course landaise de Pâques à Campagne.... Regarder une course à deux, laisser l'autre décrire ce qu'il capte et ce qu'il ressent comme instants, comme détails pour tenter de les fixer sur les photographies et de les transcrire par écrit : telles étaient nos inspirations.
Il a ainsi accepté de poser son regard, de capturer des images emplies de sens et d'émotions pour me les confier. Quant à mes écrits, je les lui offre, en retour, avec une exigence fébrile qu'ils respectent et s'harmonisent à son regard photographique. Et pour vous, chers lecteurs, ce sont ces richesses d'échanger des visions privilégiées et personnelles sur ce monde de poussière, où tout me nourrit et tout m'inspire, que je souhaite vous livrer ici, à travers les clichés de Jean Marie représentant Caroline Larbère.
L'Art se montre avec Art....
Photographie de Jean Marie Crampes – Avant le paséo...
La course landaise ou la rencontre d'une Femme....
Parle-moi d'elle Jean Marie. A quoi pense-t'elle? Raconte-moi comment ses expériences la forgent, au cœur de l'arène? Comment était-elle dans l’attente de cette première course de la saison ? Parle-moi de cette passion qui prit sa jeunesse... Tout ce que tu as capté d’elle, fixé, offert. Je veux pouvoir le ressentir sur tes clichés et ainsi pouvoir le faire vivre à travers elle.
C'est une Caroline passionnément concentrée et intensément réflexive, que tu nous livres dans ce premier cliché. Et je comprends alors, à travers son regard avant le paseo, qu'écarter en formelle ce n'est pas s'installer au sommet de ses certitudes. C'est douter toujours, trembler toujours. Et puis, demeurer vigilante pour éviter que le poison mortel de l'habitude ne s'insinue ou pire qu'il n'anesthésie. Il ne faut pas croire que plus rien ne reste à faire mais au contraire travailler, se concentrer, défier et séduire encore. Etre passionnée ne signifie t'il pas « souffrir, endurer, éprouver » un ensemble d’émotions qui nous dépassent et que tu nous imposes à la découverte et à la lecture de ton cliché. Tu nous inscris Caroline dans une quête d’absolu. C’est la recherche de cette relation qui me fait vibrer, et ressentir si fortement la vie devant le spectacle taurin.
Je mesure ainsi d'avantage comment elle aspire à vivre sa passion et avec quelle intensité. On pourrait imaginer qu'elle vivait dans l’anticipation de ses rencontres avec l'arène et les coursières s'installant progressivement dans une image rêvée, une vision idéalisée de ces retrouvailles. Mais en réalité, on mesure ici à quel point l'attente a nourri l’angoisse, la fébrilité et ses espoirs. Rester dans l’illusion magique, la fusion comme principales caractéristiques de ce type de rendez vous, lui aurait fait manquer le rapport concret et nécessaire avec la réalité. Difficile alors de ne pas être déçu, après quelques mois, quand on confronte l’image rêvée, idéalisée du moment et sa dimension humaine, réelle. Caroline évite ainsi cet écueil en ancrant sa passion dans une réalité concrète, dans une préparation sérieuse et réfléchie.
L'Art se défend avec Art....
Photographie de Jean Marie Crampes – Avant l' écart...
L'écart : ce moment d' exigence et de quête d'absolu....
Ecarter, ce n'est pas gagner à tous les coups. C'est prendre des risques, faire des paris incertains, connaître la frayeur de perdre la mise pour mieux savourer le frisson de la doubler. Ecarter, ce n'est pas emprunter des routes toutes tracées et balisées. C'est avancer en funambule au-dessus de précipices et savoir qu'il y a quelqu'un au bout sa passion et sa foi qui disent d'une voix douce et calme : avance, continue d'avancer, n'aie pas peur, tu vas y arriver, je suis là.
Que se cache t'il derrière la main tendue de cette torera passionnée qui s'avance et se place au cœur de l'arène? Une femme passionnée qui a une grande soif d’absolu, qui méprise la médiocrité, qui veut paraître forte quitte à masquer craintes et fragilités… Ton cliché place Caroline dans cette recherche d' exigence -voire d' intransigeance-. Elle accentue sa confiance, sa détermination, son courage.
Ce gros plan, centré sur le bras, la main et cette posture torera a tendance à me faire occulter la difficulté et ne voir que ce que j'aimerais y voir : du grandiose. J'aime que l'acteur me transporte de sentiments, me fasse sortir de moi même, qu’il franchisse des obstacles pour m'associer à son écart aussi. Cette dernière recherche est une aventure enivrante, et rendue possible par l'anonymat inscrit dans ton cliché. Merci de permettre à l'instant crucial préparatoire à l'écart de m'inscrire dans ce boléro, dans cette posture, dans cette attitude torera.
L'Art se raconte avec Art....
Photographie de Jean Marie Crampes – L'écart...
L'étincelle sacrée : de la passion aux émotions....
Merci pour ce bonheur ainsi offert, donné par celle qui a vaincu sa peur de vivre et qui considère sa vie comme une étincelle sacrée. Voici comment cette image parle en mon esprit. Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations, une rage, une envie furieuse, une volonté insatiable de faire prospérer généreusement le risque, le courage, l'exploit. Merci pour ce doux murmure qui cède à nos silences comme une faible lumière qui tremble de peur devant l'ombre de cette figure, associant torera et coursière, offert par celui qui a capturé l'instant.
J'adore être emportée et dominée par une force qui me dépasse, parce que cela procure des sensations uniques. Ces instants capturés sont ainsi capables d'atténuer le manque, d'ensoleiller le passé, d'illuminer le présent, d'éclairer l'avenir. N'y voyez aucune recherche technique de l'écart ou du saut parfait: c'est une inspiration, un autre regard sur la course landaise, d'autres nuances...Pour résumer, tu nous offres ainsi, Jean Marie, un éclairage nouveau capable d'éveiller en nous des émotions esthétiques privilégiées : une autre écriture de la lumière à travers le prisme de la course landaise.
Ressentez vous cette puissance mystérieuse et secrète qui inonde l’arène ? Retrouvez vous dans le mouvement de Caroline, sa figure, sa gestuelle, un sens particulier ? Cela vous évoque t'il de l’héroïsme, du courage, du devoir ? Visualisez vous s’entremêler deux cercles, celui de l’arène et celui du cœur... ce cercle imaginaire qui lie l’acteur à chaque spectateur ? Mesurez vous les liens de respect, d’admiration, d’émotion et de partage se retisser à travers cet Art tauromachique ?
L'Art se livre avec Art....
Photographie de Jean Marie Crampes – Après l'écart...
Le repos de la guerrière ou la projection vers l'Avenir ....
En Course Landaise, il ne suffit pas que vous ayez de temps à autre un moment d'inspiration pour donner un sens à votre vie ; vous devez aussi apprendre à faire durer ce moment, afin qu'il devienne un état de conscience permanent. Et c'est ce que l'on lit de Caroline dans ton cliché Jean Marie. Avant de fouler le sable des arènes, au cœur de l'action, et après sa prestation, Caroline vit l' instant avec la même intensité et la même sincérité. Son inspiration, sa détermination et son analyse impriment expressivité et sentimentalité sur les traits de son beau visage.
Chacun de tes clichés nous ancre dans le moment, dans l'instant, mais pas uniquement. Celui ci nous installe dans l’intensité et dans le sentiment de risque et de danger que l' écart procure…. Comme si nous réalisions que l'action et les prestations sont bâties sur du sable mouvant. Accepter le moment, l'écart tel qu’il est, avec ses qualités mais aussi ses défauts pour éviter de cruelles désillusions, apprendre chaque jour, tourner son regard vers l'avenir pour progresser: telle est la posture de Caroline que tu nous livres ici et que je prends plaisir à lire et à retrouver à chaque course.
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Chers lecteurs, à travers ce second itinéraire artistique coursayre, j’espère vous avoir offert une parenthèse, une capsule artistique et philosophique en me proposant de vous décrypter les quatre photographies que Jean Marie Crampes m’a fait l’honneur de me confier pour nourrir ce travail d'écriture. Qu'il en soit ici remercié à sa juste valeur.
Amitiés coursayres,