L'intervention du teneur de corde
Au moment de l'écart, l'intervention du teneur de corde doit être aussi discrète que possible. Il doit avoir le coup d'oeil et le coup de main nécessaires pour régler le coup de tête de la coursière, tout en lui laissant suffisamment de liberté de mouvement pour que la "suerte" soit la plus sincère possible. Un coup de corde trop fort, non seulement fait perdre à l'écart une partie de sa valeur, mais peut aussi dévier la coursière de sa trajectoire et la déséquilibrer ; ainsi mise de travers, la coursière peut faucher l'écarteur avec son arrière train et ses pattes arrière.
D'autre part, cette intervention du teneur de corde ne s'exerce nullement lorsque l'écarteur tourne du côté où se tient le teneur de corde. C'est ce que l'on appelle l'écart en-dedans (écart intérieur ou "en dehen" en patois landais) dont la valeur est élevée puisqu'il s'agit du côté non protégé. Elle ne s'exerce pas non plus lorsque l'écarteur demande que l'écart soit exécuté "corde à terre". Le rôle de la corde ne s'exerce donc plus à ce moment-là.
Si l'écarteur commet une faute (attaque hors de l'axe, attente insuffisante...) et se fait prendre, le cordier doit alors agir le plus énergiquement possible pour éviter les conséquences parfois graves lorsque la coursière "s'acharne " sur l'homme à terre et parfois retourne sur lui avec toute la rage combative qui appartient à sa nature.
La tâche du teneur de corde est extrèmement délicate, et très spécialisée. Souvent ce sont d'anciens toreros qui l'exercent, qu'ils aient été auparavant écarteurs, sauteurs ou entraîneurs : il leur faut en effet une grande science du jeu, une connaissance très approfondie des bêtes et des hommes, tous et toutes différents dans leur comportement. Le coup d'oeil, la rapidité d'une prise de décision, le calme et la concentration sont aussi des qualités indispensables qu'il doit posséder.
Bernard Lansaman